L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1901. Dirigeable Santos-Dumont VI (France)

PAR deux fois, Alberto SANTOS-DUMONT avait regardé la mort en face, en tentant de gagner avec son numéro V le prix Deutsch de cent mille francs-or sur le vol-circuit Saint-Cloud-Tour Eiffel. Après la terrifiante aventure du mois d’août à laquelle il avait réchappé de justesse, rien n’interdisait au " miraculé " de renoncer à toute tentative ultérieure. Mais Santos-Dumont avait l’orgueil et la ténacité du sportman de grande race ; il serra les dents et se remit au travail pour construire le Santos-Dumont VI, identique au, précédent, à part quelques améliorations techniques secondaires. Quelques mois seulement lui suffirent, et le 19 octobre 1901 à 14 h 42 mn, l’intrépide navigateur ordonnait pour la troisième fois : " lâchez tout ", en s’élevant sur sa nouvelle machine volante du champ de Saint-Cloud vers la Tour Eiffel. La journée était particulièrement mauvaise, menacée d’impétueuses rafales de vent, mais Santos-Dumont ne voulut pas renoncer à l’épreuve. Dans les rues de Paris, la foule, muette cette fois, suivait le c’ur battant l’aéronef qui arriva en huit minutes à la Tour Eiffel, qu’il contourna de loin à cause du vent. À cet instant, la première acclamation de la foule s’éleva, mais elle ne dura pas !... À peine était-il sur le chemin du retour que le moteur du dirigeable commença à tousser puis s’arrêta brusquement. Les Parisiens, figés de stupeur, virent alors le pilote, calme et résolu, sortir de sa nacelle et marcher en équilibre sur le longeron de la quille, se pencher sur le carburateur défectueux et le réparer de ses propres mains. Après quelques instants, le moteur recommença à tourner et Santos-Dumont reprit le chemin de sa nacelle. La foule stupéfaite poussa un cri de triomphe et le dirigeable reprit son vol vers la ligne d’arrivée, qu’il franchit à toute allure, 29 mn 30 s après le départ. Le Brésilien était sorti victorieux de cette épreuve, même si des polémiques s’engagèrent à propos de sa validité, puisque le dirigeable n’avait pas touché le sol dans le terme des trente minutes.