L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1918. Dirigeable « Bodensee » (Allemagne)

PENDANT la Première Guerre mondiale, les quatre usines Zeppelin avaient travaillé avec acharnement, ne construisant pas moins de 88 aéronefs à usage militaire. Ils se révélèrent utiles soit pour escorter les convois dans la mer du Nord, soit pour effectuer des reconnaissances tactiques, soit encore, plus rarement, pour les bombardements aériens, car les Alliés développèrent rapidement des moyens de défense très efficaces contre les incursions des grands dirigeables Zeppelin. Les aéronefs bénéficièrent de remarquables améliorations durant ces quatre années de conflit. En 1918, ils avaient atteint des proportions gigantesques : jusqu’à 70 000 m3 de volume, tandis que la vitesse augmentait en proportion et pouvait s’élever jusqu’à 125 km/h, avec une charge utile qui dépassait les 5 000 kg. Ces géants de l’air pouvaient voler sans danger jusqu’à 7 500 m d’altitude, et ils étaient armés de mitrailleuses. Après la capitulation de l’Allemagne, l’activité des usines Zeppelin subit un arrêt total pendant un certain temps. Les dirigeables qui survécurent eurent des sorts bien différents : quelques-uns furent détruits par leurs équipages eux-mêmes, d’autres furent brisés, d’autres encore furent remis comme butin de guerre à l’Italie, à la France, à la Belgique, à la Grande-Bretagne, au japon et aux US A. Tout de suite après l’armistice, les Allemands équipèrent deux nouveaux dirigeables de proportions relativement modestes, mais très fonctionnels et perfectionnés ; le Bodensee et le Nordstern, avec lesquels la Zeppelin mit en exploitation une véritable ligne civile. Ces deux aéronefs rapides et légers avaient une capacité de 22 550 m3, et étaient pourvus de 4 moteurs Maybach de 260 ch chacun. Longs de 120 m, d’un diamètre de 19 ni, ils pouvaient transporter une charge de 11540 kg en volant à la vitesse de 115 km/h, avec une autonomie de 52 h. Les Alliés, cependant, ne pouvaient permettre certains « luxes » à l’ennemi vaincu, et en 1921 le Bodensee dut être remis à l’Italie qui le rebaptisa « Esperia », tandis que le Nordstern était livré à la France.