1911. Monoplan Deperdussin (France)

LES grands concours aériens s’étaient multipliés en 1910. La mode était surtout aux courses de ville à ville, telles les célèbres épreuves Paris-Pau, Londres-Manchester ou encore le Circuit de l’Est. Mais l’année 1911 vit les parcours s’allonger, s’étendre à l’Europe. Il y eut ainsi Paris-Madrid, du 21 mai au 26 mai, Paris-Rome, les 28 et 29 mai, et le Circuit européen du 18 juin au 7 Juillet. Les premiers mois de l’année suivante (ou de 1912) furent marqués par l’apparition d’une nouvelle marque qui allait devenir très fameuse : DEPERDUSSIN. Cette firme, qui avait engagé le prestigieux pilote Jules Védrines, triompha dans le concours de vitesse avec un monoplan qui réussit à voler, d’emblée, à 167,800 km/h. Il est vrai que cet appareil était assez révolutionnaire pour l’époque. DEPERDUSSIN, industriel lyonnais de la soie, passionné d’aviation depuis longtemps, avait décidé de tenter l’impossible pour donner à la France la suprématie aérienne. Il avait donné carte blanche à l’ingénieur Béchereau pour que l’engin eût le maximum de rendement. Le résultat fut sensationnel. Le Deperdussin, équipé d’un puissant moteur Gnôme, était fin, léger, racé. S’il avait pulvérisé le record de vitesse, il n’avait certes pas remporté tous les records : celui d’altitude avait vu la victoire de Roland Garros sur « Blériot » avec 3.910 m., celui de distance la victoire de Gobé sur « Nieuport » avec 740,300 km. et celui de durée la victoire de Fourny sur « Henri-Farman » avec 11 h. 1 mn. 29 s. Mais comme la vitesse – « l’aristocratie du mouvement », suivant la mémorable formule de Baudry de Saulnier – fascinait les foules plus que tout, le Deperdussin connut la gloire du jour au lendemain. Avec Roland Garros, Védrines était plus que jamais l’idole du public. Tous deux grands virtuoses, intrépides, volontaires et fougueux, ces hommes incarnaient l’être extraordinaire que les gens d’alors voyaient dans le « pilote d’aéroplane », héros fabuleux entrant vivant dans la Légende...