1913. Biplan « Ilyia Mourometz » de Sikorsky (Russie)

LE jeune constructeur russe Igor SIKORSKY se signala, en 1912, par la réalisation d’un biplan (un sesquiplan, plus exactement) qui pouvait être avantageusement comparé aux meilleures productions étrangères. Mais l’état-major russe avait, à ce moment, passé d’importantes commandes à la France : SIKORSKY ne pouvait donc compter devenir le fournisseur de l’État, seul client sérieux dans un pays où l’amateur sportif n’existait pas. Aussi s’orienta-t-il vers un genre d’appareil qui pouvait lui valoir des commandes, même de l’étranger : l’avion de grandes dimensions propulsé par plusieurs moteurs. Ce fut, en 1913, un biplan quadrimoteur : le premier au monde : qui comportait une vaste cabine pour passagers, confortable et bien éclairée. Équipé de quatre moteurs Argus de 100 CV placés en tandem, Le Grand (Bolchoï) effectua son premier vol avec seize passagers. L’impression fut considérable en Russie, et le Tzar en personne se déplaça pour voir l’appareil. Mais, comme ce dernier était assez haut, il fallait une échelle pour accéder à la cabine. L’entourage impérial se demanda ce qu’allait faire l’auguste visiteur... Le Tzar n’hésita pas, il gravit les échelons, et se fit expliquer le maniement et tous les secrets de l’avion. Encouragé, SIKORSKY construisit un dérivé de Le Grand (Bolchoï), géant de l’air encore plus imposant que le premier. Son nom était (en français) Ilya Mourometz. Il était équipé de quatre moteurs Argus de 100 CV et avait cette originalité de comporter un pont-promenade au-dessus du fuselage, un treillis de câble servant de garde-fou ! Malgré leurs qualités, Le Grand et l’Ilya Mourometz ne purent être fabriqués en grande série : ils ne furent, en effet, construits qu’à 80 exemplaires équipés de moteurs divers produits par les alliés, les Argus, de fabrication allemande, étant proscrits. SIKORSKY émigra aux États-Unis lors de la Révolution soviétique et y devint un des plus puissants industriels de l’aéronautique.