L’HISTOIRE DE L’AUTOMOBILE – des origines à 1900
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1873. « L’Obéissante » d’Amédée Bollée père (France)

 

LA guerre franco-allemande de 1870 avait arrêté net la renaissance de la locomotion routière en France. Mais, la paix revenue, un homme s’attela avec ferveur au problème. C’était un industriel du Mans, qui exerçait en grand artiste la profession mal connue et difficile de fondeur de cloches : Amédée BOLLÉE (dit Amédée BOLLÉE « père », car ses deux fils Amédée et Léon s’illustrèrent d’aussi brillante façon par la suite). Donc la guerre à peine terminée, en 1871, enthousiasmé par la locomotion routière, Amédée BOLLÉE père avait installé un petit atelier en marge de son usine. Ce fut de là que sortit, en 1873, sa Première voiture qu’il baptisa L’Obéissante, un peu (paraît-il) pour calmer les appréhensions de la police à la vue d’un engin aussi extraordinaire... Bientôt les essais eurent lieu et ils furent à ce point concluants que le ministre des Travaux publics de l’époque, Caillaux, donna à Amédée Bollée père l’autorisation de se servir de sa voiture dans cinq départements désignés et « à la condition que le conducteur préviendrait trois jours à l’avance l’ingénieur du département de l’itinéraire qui serait suivi ». Ce fut là le premier « permis de circulation » accordé à une automobile. Ce fut aussi la source des premières contraventions puisque, le 9 octobre 1875, L’Obéissante qu’Amédée BOLLÉE conduisait du Mans à Paris ne récolta pas moins de 75 procès-verbaux en dépit de l’autorisation officielle. Mue par deux moteurs à vapeur bicylindres en V, fournissant 20 C.V. et commandant chacun une roue, l’Obéissante comportait un changement de vitesse à deux combinaisons ; elle pesait 4 tonnes et atteignait la vitesse de 42 km/h. Grosse innovation : les roues avant étaient indépendantes (il fallut 50 ans pour les voir réapparaître) et viraient perpendiculairement aux rayons de braquage. Ces caractéristiques faisaient de L’Obéissante la première « automobile » méritant réellement ce titre. L’ère des diligences et routières à vapeur, monstres maladroits et lents, était close ; celle de l’automobile moderne venait de commencer.