L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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XVIe siècle. Caraque

 

SUR mer comme sur terre, la Renaissance fut une ère de transformations ; en matière navale, d’ultimes tâtonnements préparèrent l’avènement de la marine moderne. Sur les lourdes et puissantes coques des caraques, nues de toute décoration, le rouge vermillon domine, faisant un contraste éclatant avec la couleur des flots. Trois mâts solides et hauts supportent une voilure plus importante et mieux répartie que sur la nef. Le mât de misaine et le grand mât portent, installée à demeure, une voile appelée hunier. Le fractionnement de la voilure ira en augmentant jusqu’à la fin de la marine à voile, permettant une utilisation plus rationnelle et plus souple du navire qui peut mieux adapter sa vitesse à la force du vent. La surface de voile déployée est inversement proportionnelle à la dite force du vent. À l’avant est gréée sous le beaupré une voile appelée civadière : installée très près de l’eau, elle est souvent mouillée. À l’arrière, le mât d’artimon est identique à celui de la nef et garde sa voile latine. Parfois un quatrième mât porte également une voile latine; mais, d’une faible utilité, ce mât supplémentaire disparaîtra bientôt. Ces grands navires au gréement et à l’artillerie toujours plus importants exigeaient un équipage de plus en plus nombreux : à bord de ces vaisseaux pouvaient se trouver plus de mille personnes, y compris les passagers. Malgré les progrès réalisés en matière de construction navale, les conditions de vie à bord ne changeaient guère. On couchait toujours à plat pont, ou dans l’entrepont quand le temps se gâtait. Et l’air libre était encore le moindre mal, car sur ces bateaux sans hublots, aux sabords généralement fermés pour éviter les rentrées d’eau, l’humidité et la puanteur étaient horribles. Aux mauvaises conditions d’hygiène et de nourriture (composée essentiellement de salaisons) s’ajoutait le terrible scorbut, maladie inséparable des traversées d’antan et que provoquait le manque d’aliments frais. Lors des longues traversées, nombreux étaient ceux qui ne revoyaient pas le port...