1800. Cotre de guerre (Angleterre)

 

CE sont les contrebandiers anglais qui ont importé en Europe le bateau bermudien, très utilisé par les flibustiers antillais et qui, dès le XVIIe siècle, avait acquis une solide réputation. Pour lutter contre ces bâtiments, les douanes anglaises en firent construire également, en leur donnant le nom de « cutter ». Le bateau bermudien d’origine se transforma progressivement : on augmenta sa voilure et sa carène fut affinée pour améliorer sa vitesse aussi bien en cas de chasse que de fuite. On arriva ainsi au cotre, le sloop n’étant que la version pacifique d’un bateau essentiellement destiné au commerce. Le cotre était un bâtiment relativement important, puisque son déplacement pouvait atteindre 250 tonneaux. La grande différence de tirant d’eau entre l’avant et l’arrière nécessitait l’inclinaison de son mât, tandis que le beaupré mobile était presque horizontal. Les dimensions de la grande voile aurique étaient considérables et sa surface pouvait encore être augmentée par une bonnette dite brigantine. On rajoutait une fortune carrée sur la vergue sèche par vent arrière et aux allures portantes. Les cotres les plus grands gréaient un petit hunier et parfois un perroquet volant. À l’avant, ils disposaient de plusieurs focs. Les cotres étaient conçus uniquement en vue d’une marche supérieure et exigeaient un équipage nombreux et parfaitement entraîné. Ce n’est qu’en 1770 qu’une première série de sept cotres de guerre fut mise en chantier en France. Ils étaient tous armés de six canons de 3 livres. Leur construction avait été réclamée par le Sieur Desgenette, pilote au port de Brest « pour servir à éclairer les mouvements de l’ennemi, et à éloigner des côtes de France les petits corsaires des îles de jersey et de Guernesey ». Les cotres construits par la suite avaient des dimensions et un armement beaucoup plus importants, ce qui était incompatible avec un mât unique. C’est pourquoi leur construction fut abandonnée et leurs coques réutilisées avec un gréement en brick. Ils réapparurent sous l’Empire, mais dans des dimensions beaucoup plus raisonnables.