| LA pire épreuve de résistance à laquelle soit soumise un navire est certainement celle de naviguer dans les glaces. En 1816, le célèbre marin et explorateur anglais ROSS avait sans succès cherché un passage entre l’Atlantique et le Pacifique par la mer de Baffin. En 1829, il découvrit le pôle magnétique et y planta le pavillon anglais. Dix ans plus tard, ayant reçu le commandement d’une nouvelle expédition dans les mers australes, il fit équiper l’Erebus, corvette de 370 tonneaux, d’une ceinture de bois de chêne de 15 à 20 cm d’épaisseur. Une fois engagés dans les eaux froides, l’Erebus et son compagnon le Terror eurent à traverser un champ de glace de 100 milles de long, et c’est ici que leur construction spécialement robuste se montra d’une parfaite efficacité. Le 10 janvier 1841, les deux navires aperçurent au loin des montagnes de 2 000 à 3 000 m de haut. La terre fut baptisée Terre Victoria et la chaîne de montagnes Chaîne de l’Amirauté. Poursuivant vers le sud, Ross vit un sommet neigeux qu’il prit d’abord pour une île, mais qui s’avéra être un des plus hauts volcans du monde, d’où s’échappaient d’épaisses fumées : il reçut le nom de mont Erèbe. Plus au sud encore, la route était barrée par une immense falaise de glace, tombant à pic et n’offrant pas la moindre fissure. Les deux bateaux longèrent vers l’est, sur une distance de plusieurs centaines de kilomètres, cette muraille gigantesque la fameuse barrière de Ross sans pouvoir trouver la moindre faille. Le 1er février, arrêtés par la banquise, ils durent rebrousser chemin. Mais la latitude que Ross avait atteinte, 78°4 Sud, n’allait être dépassée que 70 ans plus tard, par Scott et Amundsen. De la Terre Van Diemen, l’expédition repartit pour une deuxième campagne dans le sud jusqu’au cercle antarctique. Une troisième campagne, l’année suivante, permit à Ross de découvrir les îles Paulet et Cockburn. |