L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850 |
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1820. Négrier (2)
SI les bâtiments destinés à la traite étaient appelés « négriers », négrier était aussi le nom de l’armateur dont les vaisseaux servaient en partie à la traite. C’était également le capitaine qui commandait l’un de ces vaisseaux et dirigeait l’expédition. L’Angleterre fut la première à lutter contre le trafic de ces hommes sans scrupule. Après une campagne humanitaire qui durait depuis de nombreuses années, elle vota l’abolition de la traite le 25 mars 1807. Certaines grandes puissances européennes se rallièrent à ses vues au Congrès de Vienne, le 8 février 1815. C’est à ce moment-là que débuta la traite interlope qui prit, malheureusement, une ampleur extraordinaire. L’Angleterre joua alors un rôle particulièrement actif en armant des croiseurs spécialement affectés à la surveillance des mers. Dès 1811, tout navire suspect naviguant dans les eaux territoriales des dominions était arraisonné et cette mesure fut étendue à la haute mer. Il arrivait que ce contrôle tourne à la catastrophe. Citons, par exemple, l’affaire du Vigilant : en avril 1822, trois négriers venant de Nantes étaient mouillés dans le delta du Niger, en face du village de Bony. Ils avaient déjà troqué une partie de leur marchandise contre des esclaves et devaient bientôt reprendre la mer, tandis que huit autres navires espagnols, qui avaient forcé le blocus, attendaient un peu plus loin avec un chargement complet. Le lieutenant anglais Mildmay, commandant la frégate Iphigénie et la corvette Myrmidon, reçut l’ordre d’arrêter ces bâtiments. Il fut obligé d’ouvrir le feu, mais les négriers ripostèrent aussitôt. Il s’ensuivit un combat acharné qui dura plusieurs heures au bout desquelles les bâtiments de commerce, désemparés et à court de munition, durent se rendre. 400 esclaves, qui s’étaient jetés à l’eau, furent dévorés par les requins ; un des navires espagnols se perdit corps et biens avec 380 captifs ; 150 autres périrent dans le trajet entre Bony et Sierra Leone. Les journaux américains ne manquèrent pas de souligner que cette action humanitaire avait coûté la vie à plus de la moitié des esclaves que les Anglais voulaient libérer. |