L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850 |
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1840. Frégate la Belle-Poule (France)
LA frégate la Belle-Poule est restée célèbre, non pas tant en raison de son nom plutôt cocasse, mais parce que son histoire est liée à celle de Napoléon Ier. Avant de mourir sur le rocher de Sainte-Hélène, l’Empereur avait exprimé le désir d’être enterré sur les bords de la Seine. Soucieux de satisfaire l’opinion publique, qui était favorable à la réalisation de ce vœu suprême, le roi Louis-Philippe en chargea son fils, le prince de Joinville. Commandée par celui-ci, la frégate la Belle-Poule, accompagnée de la corvette la Favorite, appareilla pour Sainte-Hélène le 7 juillet 1840. Toute peinte en noir pour la circonstance, la frégate effectua une traversée de trois mois coupée de relâches, avec à son bord les vieux compagnons de l’Empereur, Bertrand, Gourgaud, Marchand. Quand elle jeta l’ancre devant Jamestown, tous les canons des navires en rade et des forteresses se mirent à tonner. Puis eurent lieu l’exhumation et le transfert solennel à bord de la frégate, dans une chapelle ardente spécialement décorée d’aigles en bois doré. Le voyage de retour fut plus rapide, troublé par l’appréhension d’une tentative possible de la part des Anglais de s’emparer de la dépouille mortelle de Napoléon. Au point que sur la Belle-Poule furent prises les dispositions de combat bien que le prince de Joinville ait affirmé qu’il n’hésiterait pas à faire sauter la Sainte-Barbe en cas d’attaque anglaise. Mais rien d’anormal ne se passa et, le 30 novembre, la sombre frégate arrivait à Cherbourg où, signe des temps, le cercueil fut transféré sur le vapeur Normandie. Puis ce fut la remontée de la Seine, du Havre jusqu’à Rouen d’abord, où la dépouille impériale fut placée à bord du petit vapeur la Dorade, dont l’arrivée à Paris marqua le début de grandioses cérémonies. En 1844, toujours sous les ordres du prince de Joinville, la Belle-Poule participa aux bombardements de Tanger et de Mogador. Après les guerres de Crimée et d’Italie, elle finit sa carrière comme poudrière à Toulon et jusqu’à sa démolition en 1888 elle restera peinte en noir, en souvenir de son funeste voyage à Sainte-Hélène. |