L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940 |
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1884. Dirigeable « La France » (France) SI le dirigeable des frères Tissandier n’avait pas été vraiment un échec, il n’avait pas non plus été un succès foudroyant. Il avait seulement démontré qu’un aérostat équipé avec bon sens pouvait, dans certaines conditions, évoluer dans l’air. Mais le résultat avait tout de même fait naître quelque perplexité. C’est pourquoi le capitaine Charles Renard, directeur de l’Établissement Militaire de l’Aéronautique de Chalais-Meudon, et son collègue et collaborateur Arthur Krebs, furent amenés à étudier un modèle de dirigeable établi sur les mêmes principes généraux que celui de Tissandier. Mais ils le modifièrent et le perfectionnèrent beaucoup dans ses structures et détails techniques. Un frère de Renard, Paul, participa également aux études. L’appareil fut prêt en 1884 et on le baptisa La France. -Son enveloppe de forme allongée, effilée à l’arrière, était en pongée verni. Le filet de suspension de la nacelle était fait de n’uds de soie et non de corde à n’uds, ce qui soumettait l’enveloppe des modèles précédents à une dangereuse usure par frottement. Long de 51 m, d’un diamètre de 8,40 m et d’un volume de 1.864 m3, La France était muni d’une très grande nacelle de bambou : 33 m de long, 1,30 m de large et 1,80 m de haut. Le moteur, oeuvre de Krebs, était une machine multipolaire de 96 kg et fournissait une puissance de 8 ch à 3 600 tours. L’hélice avait un diamètre de 7 m et pesait 40 kg. La première ascension eut lieu le 9 août 1884, à Meudon : les capitaines Renard et Krebs s’élevèrent à 300 m et réussirent à maintenir le cap fermement pendant plusieurs minutes. À 4 km de Chalais, ils virèrent de bord en accomplissant un demi-cercle de 300 m de diamètre. Revenus vers Meudon, après quelques man’uvres « machine avant », « machine arrière », ils atterrirent au point même où ils s’étaient envolés. Le voyage avait duré vingt-trois minutes : le dirigeable avait parcouru 7 600 m. Dans toute l’Europe, des clameurs triomphales accueillirent la réussite de La France. Le problème de la navigation aérienne était désormais résolu une fois pour toutes. |