L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940 |
34 |
|
1903. Dirigeable « Le Jaune » de Lebaudy (France) LE problème de la dirigeabilité des ballons a fait de remarquables progrès. Le mérite en revient aux riches frères LEBAUDY, qui, avec le ballon auquel ils ont laissé leur nom, sont arrivés à de tels résultats expérimentaux qu’il n’y a plus de doute sur la dirigeabilité des ballons. » C’est par ces mots qu’un journaliste italien rendait hommage en 1905 à une réalisation française des plus évoluées. Les frères Lebaudy, avaient investi dans leur aéronef plus d’un million de francs-or, appelant à la rescousse deux grands experts : l’ingénieur Julliot et le constructeur Surcouf. Le dirigeable était prêt à la fin de 1902, et à sa première apparition dans le ciel de Paris, fut surnommé immédiatement Le jaune couleur de l’enduit utilisé pour la première fois au monde. Il avait une longueur de 58 m, un diamètre de 9,80 m et un volume de 2 300 m3. Un système compliqué de suspension soutenait la nacelle faite de tubes d’acier, en forme d’embarcation. Un moteur Daimler de 40 ch actionnait deux hélices de 2,80 m de diamètre. L’appareil, très perfectionné, était même équipé d’un phare à acétylène d’une puissance de cent mille bougies, monté en projecteur pour les atterrissages nocturnes. Les premiers essais eurent lieu le 8 mai 1903 à Moisson près de Mantes. Le Lebaudy parcourut une distance de 37 km et revint à son point de départ, puis le 24 juin, il fit 98 km en 2 h 46 mn, à une vitesse moyenne de 35 km/h. Après une autre série d’essais tous aussi positifs, les frères Lebaudy offrirent leur aérostat au ministère de la Guerre en 1904, et celui-ci l’envoya à Toul. C’est en 1905 que ce journaliste italien pouvait écrire avec assurance : « les preuves apportées récemment à Moisson, le raid de Châlons, les expériences faites à Toul, que ce soit pendant le trajet Toul-Nancy aller-retour ou lors d’évolutions au-dessus de la ville, en tournant avec toute la sûreté et la précision voulues contre un vent de 12 à 15 mètres par minute, tout a démontré que le ballon Lebaudy obéit docilement au pilote, c’est-à-dire qu’il est effectivement dirigeable. » |