L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914 |
55 |
|
1914. Biplan « sans queue » Dunne D. 8 (Grande-Bretagne) LES Anglais étaient venus très tôt à l’aviation, du temps des Henson et des Cailey. Puis, il y avait eu une longue éclipse. Mais ce retard fut rapidement comblé à partir de 1910. Cette année-là et la suivante, les Britanniques surent aligner des appareils de valeur, encore qu’ils ne fussent pas les égaux des avions français de l’époque. Si ces derniers avaient inspiré les constructeurs insulaires, ceux-ci avaient pourtant le souci de créer une aviation typiquement nationale. Aussi cherchèrent-ils à mettre au point des formes et des procédés qui, grâce à leur nouveauté, vaudraient à cette industrie des débouchés étendus. Dès 1911, apparurent outre-Manche des avions de lignes très spéciales dont l’un surtout attira l’attention : le Dunne. Cet avion était appelé « sans queue » pour l’excellente raison qu’au bout du fuselage, lui-même réduit à sa plus simple expression, il n’y avait, en effet, pas de dérive. C’était un appareil uniquement « en ailes », au centre desquelles était posée une cabine. Les gouvernes avaient été rejetées en bout d’ailes et formaient cloisons. Sur un tel avion, la stabilité latérale paraissait bonne, à première vue ; par contre, comment lui assurer une certaine stabilité longitudinale ? Ce problème, DUNNE l’avait résolu en construisant les ailes en V dans le plan de la cellule. Pour assurer la stabilité de l’appareil au décollage et à l’atterrissage, le constructeur avait remédié à l’étroitesse relative du train d’atterrissage en attachant en bout d’ailes de hautes béquilles. Remanié au printemps 1914 par l’adjonction de gouvernes de direction et de nouveaux ailerons, le Dunne effectua une tournée dans le Nord de la France et à Paris, reliant d’un seul coup d’aile Londres à la capitale française. Partout, cet appareil intriguait le public par ses formes bizarres. Les initiés s’accordaient à lui reconnaître de réelles qualités de vol. Quant aux municipalités françaises, elles firent à l’équipage l’accueil le plus courtois. |
|