L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700 |
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XVIIe siècle. Les flibustiers
AU nord de Saint-Domingue, un étroit bras de mer sépare la grande île d’un îlot dont la Nature a fait une inexpugnable forteresse et qui a la forme d’une tortue. Durant la seconde moitié du XVIIe siècle, l’île de la Tortue devint le repaire de redoutables pirates. Les flibustiers, ainsi qu’on les appelait, étaient d’intrépides forbans. Association d’hommes de races et de religions, diverses, ils ne reconnaissaient d’autres lois que celles, très strictes, qu’ils s’étaient données eux-mêmes. Leur emblème unique était le pavillon noir à tête de mort. Amatelotés deux à deux, ils possédaient tout en commun et la rigueur de la discipliné à laquelle ils se pliaient leur valut le nom de Frères de la Côte. Une sorte de contrat passé entre eux à l’avance fixait la part de butin qui devait revenir à chacun au terme de leurs fructueuses expéditions ; pour chaque blessure reçue en combattant, une indemnité était prévue. Leurs expéditions, à bord de navires du type représenté ici, étaient surtout dirigées contre les fameux galions espagnols des Flottes de l’Or qui, chaque année, ramenaient d’Amérique de formidables richesses. Leur réputation d’audace et de férocité inspirait à leurs victimes une telle terreur qu’elles étaient comme paralysées devant ces hommes. On en vit, montés sur de simples barques, s’emparer de puissants vaisseaux : ainsi Pierre-le-Grand de Dieppe qui, avec un canot et vingt-huit hommes, se rendit maître d’un vaisseau-amiral espagnol qu’il emmena à l’île de la Tortue après avoir débarqué l’équipage. L’ouvrage célèbre d’Œxmelin, qui fut le compagnon d’armes des flibustiers, relate les exploits de ces individus extraordinaires mais peu recommandables ; il fourmille en traits à peine croyables. À terre comme en mer, rien ni personne ne les faisaient reculer. Ils ne craignaient pas d’attaquer des villes défendues par de fortes garnisons. Parmi les flibustiers les plus fameux, il y eut Montbars-l’Exterminateur, Michel-le-Basque, François l’Ollonais et Henri Morgan-le-Gallois. |