1819. Le Savannah (Etats-Unis)

 

SI des hommes, dans le monde, se devaient de concevoir un projet plus extraordinaire que de franchir la Manche, c’étaient évidemment les Américains. Ils s’attaquèrent, ni plus ni moins, à la traversée de l’Atlantique, qu’ils réussirent avec le Savannah. Il s’agissait d’un trois-mâts barque de 389 tonneaux, lancé le 22 août 1818. Il était destiné, à l’origine, au service postal du Havre à la voile. Puis il fut acheté par la Savannah Steam Ship Co. qui décida de l’équiper d’une machine à vapeur actionnant des roues à aubes. Celles-ci étaient démontables et, quand le bateau reprenait sa marche à la voile, pouvaient être hissées sur le pont en quelques minutes. Les tambours des roues étaient en toile et également démontables. Cette dualité vapeur-voile était bien nécessaire sur un navire dont les soutes ne contenaient que 89 tonnes de combustible, approvisionnement insuffisant pour que toute la traversée se fasse à la vapeur. Commandé par le capitaine Moses Rogers qui avait déjà commandé le Clermont de Fulton, le Savannah quitta la ville du même nom le 24 mai 1819. Le départ se fit à la vapeur, puis on continua à la voile, pour ensuite remonter les roues en vue de Liverpool où le navire fit une entrée triomphale le 20 juin. La traversée avait duré 27 jours et 11 heures au cours desquels les roues avaient été utilisées en sept occasions, pour un total de 85 heures environ. Ceux qui avaient croisé le bâtiment lorsque sa cheminée dégageait de la fumée – née de la combustion de bois de pin – l’avaient pris pour un navire en feu !... Le Savannah repartit le lendemain pour Copenhague, Stockholm et Saint-Pétersbourg. Le tsar Alexandre Ier vint le visiter, fut sollicité de l’acheter pour le trafic sur la Baltique, mais ne s’y décida pas. Le navire ralliait donc l’Amérique et mouillait à Savannah le 30 novembre 1819, après cinquante jours de navigation à la voile, faute de combustible. On lui supprima finalement sa machine et il poursuivit sa carrière comme paquebot à voiles, assurant le cabotage entre Savannah et New York. Il se perdit dans une tempête sur la côte de Long Island le 5 novembre 1821.