| LE Sphinx fut le premier bâtiment à vapeur utilisé par la marine militaire française. D’abord corvette, puis aviso, ce petit bateau dont la renommée fut grande servit de modèle pour tous les vapeurs dont la France dota sa flotte jusqu’en 1845. Construit à Rochefort et lancé en 1829, le Sphinx avait les caractéristiques suivantes : 46,20 ni de long, 8 m de large, déplacement de 777 tonnes, voilure de 747 m2 ; sa coque, en forme de violon, était échancrée au niveau des roues ; la machine avait une puissance de 160 CV donnant une vitesse de 7 n’uds, soit près de 13 km/h. Elle fut achetée en Angleterre, chez Fawcett, car aucun constructeur français de l’époque n’était capable de fournir une machine d’une telle qualité. Elle servit d’ailleurs de modèle et permit de fabriquer six autres répliques. Navires d’un tracé tout nouveau, ils furent d’abord employés comme remorqueurs au service des vaisseaux man’uvrant dans les ports. Mais leur célébrité date de l’expédition d’Alger, en 1830, à laquelle on les fit participer malgré l’opposition des marins de la voile, pleins de mépris pour les « charbonniers ». Leur efficacité dans les rôles modestes d’estafettes ou de remorqueurs incita l’Amirauté à négliger ces courants hostiles et à persévérer dans la construction de navires à vapeur. C’est leur vitesse et leur régularité qui frappa les esprits. Ils mettaient en moyenne cinq jours pour faire l’aller et retour Toulon-Alger ; les premières fois qu’on les vit revenir vers les côtes françaises, personne ne voulut croire qu’ils rapportaient déjà, d’Afrique, la réponse aux dépêches emportées si peu de temps plus tôt. C’est le Sphinx qui fut le messager de la prise d’Alger ; c’est lui également qui remorqua l’allège Louqsor ramenant d’Égypte, en 1833, l’obélisque qui orne, depuis, à Paris, la place de la Concorde. |