1847. La frégate La Pomone (France)

 

SUR les immenses trois-ponts, l’usage des propulseurs à roues se heurtait à d’insurmontables obstacles : leur mécanisme était fragile, il aurait fallu les construire à la mesure des bateaux et les machines de l’époque (qui ne dépassaient pas 550 chevaux) n’auraient pas suffi à les mettre en mouvement. De plus, les roues étaient exposées au tir de l’artillerie ennemie et prenaient sur les flancs la place de bon nombre de canons, soit une double source d’affaiblissement. L’hélice ne présentait pas ces inconvénients. On en équipa d’abord de vieilles frégates et des vaisseaux démodés, qui, ainsi transformés, réalisèrent des vitesses jamais atteintes au temps de leur jeunesse. C’est la Pomone qui fut choisie, en France, pour le premier essai sérieux de l’hélice à bord d’un ancien navire à voiles très peu modifié. La frégate avait été mise en chantier à Lorient en 1842, d’après les plans de l’ingénieur SANE et lancée en 1845. C’est en 1847 qu’elle fut modifiée et pourvue d’une machine à vapeur de 220 CV. Le plan de cette machine était dû à l’ingénieur Suédois Hohn qui proposa d’adapter l’hélice mise au point par son compatriote Ericsson. Cette transformation changea fort peu l’aspect extérieur de la frégate qui n’avait, en apparence, qu’une cheminée de plus, et conservait intacte son ancienne voilure. En fait, le massif arrière avait été épaissi pour laisser passer l’arbre de l’hélice, placée en porte-à-faux, et le gouvernail avait été remplacé par deux volets latéraux cachés dans le massif lorsqu’ils ne servaient pas. Ce système n’ayant pas donné de bons résultats, on fut obligé d’allonger l’arrière de la frégate pour placer l’hélice dans un puits qui permettait de la remonter pendant la marche à la voile. On obtient ainsi sur la Pomone une vitesse de 8 n’uds, ce qui était une performance remarquable pour l’époque. L’opposition des esprits conservateurs céda devant les avantages offerts par l’hélice : elle était à l’abri des canons de l’adversaire et les frégates mixtes ainsi équipées pouvaient jouer un rôle important d’auxiliaire, dans les eaux calmes, sans modifications de leur ligne et leur gréement.