L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850 |
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1768. Busse (Hollande)
CERTAINS bâtiments pouvaient se passer d’observations astronomiques : c’était le cas des navires longeant les côtes comme la Busse. Au XVIIIe siècle, ce petit navire hollandais était essentiellement utilisé pour la pêche au hareng et au maquereau en Mer du Nord, et s’il portait le même nom que le bâtiment de charge du XVe siècle, ses dimensions étaient cependant beaucoup plus réduites. Les busses, ou buches, mesuraient 50 à 60 pieds de long et 13 à 16 pieds de large, et jaugeaient 50 à 80 tonneaux. C’étaient pourtant de solides bâtiments, assez bas sur l’eau et très renflés à l’avant, qui portaient deux ou trois mâts courts d’une seule pièce. Le grand mât était gréé avec une très importante voile carrée et souvent un hunier volant au-dessus de la grande voile. À l’avant, un bout-dehors permettait de gréer un ou plusieurs focs. Le grand mât pouvait être rabattu vers l’arrière, grâce à un système de bascules, ce qui présentait l’avantage de réduire la prise du vent pendant la pêche et donc de diminuer la dérive et le hale. Au Moyen-Âge déjà de petits bateaux ronds, semblables aux busses, étaient utilisés par les pêcheurs dunkerquois dans la Manche. C’est aussi avec des navires de ce type que les Anglais pêchaient le hareng le long des côtes des îles Shetland. Les Hollandais partaient pour la pêche au hareng vers la mi-juin et en revenaient à la fin d’août. Les filets n’étaient jamais jetés à la mer avant le soir de la Saint-Jean ; la pêche se faisait la nuit, car les poissons étaient attirés par la lumière des fanaux que chaque bâtiment portait à son beaupré. Dès que le filet était relevé, tout l’équipage (en tout une vingtaine d’hommes, y compris le Maître et le Tonnelier) participait à la préparation des harengs. Les Hollandais soignaient tout particulièrement cette préparation à bord, et c’est ce qui explique l’excellente réputation dont jouissaient leurs salaisons. |