L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1775. Lougre de guerre (France)

 

LE lougre était un grand bateau à voiles au tiers, né sur les côtes de la Manche dans le courant du XVIIIe siècle. Son existence sera brève, puisqu’il ne vivra qu’une centaine d’années au cours desquelles il passera par plusieurs stades d’évolution. Le lougre était utilisé à la fois dans la marine de guerre, pour la course et pour la pêche, c’est ce qui explique qu’il se soit perfectionné très rapidement. Si beaucoup de corsaires utilisèrent le lougre de préférence à tout autre bâtiment, c’est qu’il était exceptionnellement rapide et supportait toutes les allures. Son gréement se composait de trois mâts assez inclinés vers l’arrière : misaine, grand mât et tape-cul, avec un beaupré très long et presque horizontal. La voilure consistait en deux voiles maîtresses, une voile de tape-cul et un ou plusieurs focs. À cela s’ajoutaient souvent des huniers carrés. Ces voiles, à l’origine, étaient établies à l’extérieur des haubans ; elles étaient donc entièrement mobiles. À la fin du XVIIIe siècle, elles furent installées à l’intérieur des haubans, ce qui compliquait la manœuvre de virement de bord. Aussi vit-on des lougres équipés de deux voilures, l’une à bâbord, l’autre à tribord. Cette importante surface de voilure offrait un avantage remarquable pour un bâtiment corsaire, destiné à échapper aux navires traditionnels qui le prenaient en chasse. Mais, comme le fit remarquer l’Ingénieur FORFAIT, elle présentait de gros inconvénients par mauvais temps ; c’est pourquoi, dans ce cas, on remplaçait parfois la grand-voile par une voile plus petite appelée taille-vent. Le lougre de course avait une artillerie légère et réduite, concentrée à l’arrière, tandis que le lougre de guerre, aux formes plus pleines, avait une artillerie importante et répartie sur toute sa longueur. Mais son usage dans la marine de guerre fut de courte durée en raison des accidents fréquents que causait son type de mâture. Il fut par contre utilisé au cours du XIXe siècle pour la pêche et le cabotage en Manche, après avoir subi quelques modifications de gréement, notamment une importante diminution de la grand-voile.