L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850 |
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1780. Vaisseau à trois ponts (France)
QUAND on écrit l’histoire de la Marine, c’est toujours au navire de guerre qu’il faut revenir. Au XVIIIe siècle, on est loin des principes de RUYTER en matière de stratégie et de tactique navales. Le célèbre amiral hollandais n’avait qu’un but, détruire la flotte de l’adversaire. L’infériorité numérique n’empêchait pas d’attaquer. Tout cela, maintenant, a changé. Le matériel naval s’est considérablement amélioré. Le vaisseau, parvenu à son apogée, est maître de sa manœuvre quasiment par tous les temps. Les équipages sont plus habiles. Aussi les belles évolutions, savamment calculées, passent-elles à présent avant la destruction de l’ennemi. Comme son nom l’indique, le vaisseau de ligne combat en ligne, présentant à l’adversaire son flanc hérissé d’artillerie. Pour pouvoir tenir leur place dans la ligne, les vaisseaux sont à peu près semblables (ceux de moins de 64 canons n’en font plus partie). Les Anglais composaient leurs lignes de vaisseaux à trois ponts ; ceux-ci avaient une grande puissance de feu, mais en revanche étaient peu maniables et impropres aux campagnes lointaines. Les Espagnols, eux, construisirent même un quatre ponts, mais cet énorme navire s’avéra inutilisable. En France, il y eut peu de trois ponts : la ligne française de bataille comprenait des vaisseaux d’une puissance de feu moyenne de 80 canons. La stratégie consiste maintenant à éviter le combat, et lorsqu’on est contraint à la bataille, il faut en appliquer les règles, qui sont très strictes : le vaisseau ne peut commencer le combat avant le signal, ni quitter son rang à moins d’être désemparé, ni poursuivre l’ennemi. Tout, en somme, est subordonné à cette grande loi : ne jamais rompre la ligne. Mettant tout en œuvre pour s’éviter, ces escadres ne se faisaient ainsi guère de mal, et le résultat des batailles de cette époque était toujours indécis. |