L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850 |
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1780. Frégate (Hollande)
QU’ILS soient embarqués sur un vaisseau ou sur une frégate, les marins aimaient leur métier et le faisaient magnifiquement. Pourtant la vie était dure sur ces bâtiments où tant d’hommes étaient entassés dans un espace restreint. Généralement, deux marins se partageaient le même hamac. La nuit, les ponts étaient plongés dans une épaisse obscurité. Les sabords étaient plus souvent fermés qu’ouverts. Une lourde atmosphère régnait dans les batteries, les odeurs humaines se mêlant à celles des bœufs, moutons, porcs, poules, embarqués pour fournir à l’équipage, autant que possible, de la nourriture fraîche. Mais celle-ci s’épuisait vite (les moyens de la conserver n’existant pas encore) et c’est surtout de biscuits et de salaisons qu’on se nourrissait. Même ces aliments-là étaient rapidement gâtés par les vers qui y grouillaient. L’absence de légumes frais engendrait des épidémies de scorbut, épouvantable maladie redoutée de tous et qui décima les équipages, jusqu’au jour où du jus de citron leur fut obligatoirement distribué. On put voir, à la fin du XVIIe siècle, les navires revenir du tour du monde sans avoir perdu un seul homme. L’eau douce était très rare à bord. Elle croupissait dans des futailles et il fallait faire des escales spéciales, les « aiguades », pour en renouveler la provision. Le matelot qui voulait se désaltérer le faisait à un tonnelet, appelé le « charnier », dont un factionnaire, sur le pont, distribuait avec parcimonie le contenu. Le lavage des ponts à l’eau salée entretenait une humidité poisseuse et pestilentielle ; il fut remplacé par des grattages à sec. En général, les conditions d’hygiène s’améliorèrent, mais la discipline restait de fer. Elle comportait des châtiments terribles, comme celui de « la cale » : l’homme puni était précipité d’une vergue dans la mer au bout d’un filin et tiré de l’autre bord par un autre filin qui le ramenait à la surface après l’avoir fait passer sous la quille du bâtiment. Les coups de garcette ou les fers sanctionnaient les fautes moins graves. |