L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
20

1788. Trois-mâts de commerce (France)

 

AU cours du XVIIIe siècle, la vie humaine — particulièrement dans les pays européens — s’est transformée, et cela, à cause de la mer. Jusqu’alors, le trafic maritime avait surtout servi à un très petit nombre qui transportait l’or et l’argent de l’Amérique, quelques autres métaux rares et des denrées précieuses. Espagnols et Portugais, d’abord, souverains anglais et marchands de Londres, ensuite, s’étaient enrichis grâce à ces mirobolantes cargaisons, que convoitaient les corsaires en temps de guerre et les pirates en temps de paix, et qu’il s’agissait de protéger en armant les navires de commerce comme de vrais navires de guerre. Riches cargaisons, oui, mais représentant un faible volume, ce qui explique que ces bateaux étaient relativement petits. En dehors d’eux, il y avait les navires affectés au transport des bois du Nord, du goudron et du chanvre nécessaires à la construction navale. Au total, un tonnage assez réduit. Mais à présent, les pays lointains se sont développés et envoient en Occident de plus en plus de marchandises d’usage courant, qui profitent toujours à un plus grand nombre. Peu à peu, le navire de commerce augmente de tonnage. Le trafic s’intensifie à la mesure des moyens mis à sa disposition. La vie des hommes, jusque dans les classes les plus modestes, diffère totalement de celle du siècle précédent. Car la mer leur apporte les denrées des pays exotiques, et tout le monde peut maintenant consommer le sucre et le café ; les tissus, les porcelaines décorent les foyers où ils eussent, autrefois, constitué un luxe inabordable. Les ports prennent une extension qui amène avec elle la richesse. En France se crée le port de l’orient, nom d’origine de Lorient. Et les colonies se multiplient, au profit surtout de l’Angleterre. Le service à bord était assuré avec autant de régularité que sur les navires de guerre mais par des équipages bien moindres, dont le métier n’en était que plus pénible. Malgré tous les aléas et tous les dangers, que ne couvrait aucune assurance, il y avait des fortunes à gagner sur mer.