1788. Corvette (Danemark)

NOUS avons rappelé, dans le tome premier de cette Histoire de la Marine, une loi qui a de tout temps régi les flottes : quand un navire grandit, on voit ses caractéristiques reparaître dans un navire originairement plus petit, et qui subit à son tour le même phénomène de croissance. Ainsi, les caractéristiques d’un vaisseau de cinquième rang de 1689 sont les mêmes que celles d’une frégate de 1750 et que celles d’une corvette de 1840 : 36 mètres de long, 9 mètres de large et 20 canons. Les petits bâtiments étaient toujours nécessaires dans les armées navales : la transmission des signaux par pavillons n’étant pas encore au point, ces petits bâtiments avaient pour rôle de porter les ordres. Aussi, lorsque la frégate devint trop grande pour remplir cet office, fut créé pour la remplacer un nouveau type de navire, plus petit : la corvette. Elle apparaît en France dans la seconde moitié du XVII^e siècle et n’est alors qu’une grande barque, demi-pontée, possédant de 8 à 10 avirons et un, seul mât. Elle ne sert que pour les liaisons à courtes distances. Au début du XVIII^e siècle, elle s’agrandit : elle est désormais complètement pontée, porte deux mâts à voiles carrées et un beaupré avec civadière. On l’emploie pour les reconnaissances et l’escorte des petits convois ; elle est alors armée de 8 à 10 canons disposés en une seule batterie, à ciel ouvert. Vers 1750, la corvette s’apparente davantage à une véritable petite frégate : d’après l’ordonnance de 1767, ce type de bâtiment mesure une vingtaine de mètres de long, est armé de 12 canons de 4, couverts d’un pont de manœuvre, et compte 70 à 80 hommes d’équipage ; elle est gréée en trois-mâts et conserve traditionnellement un jeu d’avirons dont elle ne se sert qu’exceptionnellement. De France, ce type de bâtiment s’est répandu au Danemark, en Angleterre, en Espagne. C’est dans la seconde moitié du XVIII^e siècle que la corvette commence à apparaître comme navire de combat, mais on va continuer à construire des corvettes dites de charge, destinées à ravitailler les escadres éloignées, voire même à remplacer les frégates lors des voyages d’explorations.