L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700 |
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XVIIe siècle. Vaisseau français
SI les instruments servant à calculer la latitude avaient atteint, au XVIIe siècle, une précision satisfaisante, par contre le calcul de la longitude se faisait toujours à l’estime, faute de chronomètre suffisamment perfectionné. Le calcul du point restera précaire aussi longtemps que celui de la longitude ne sera pas assez exact pour rectifier les erreurs de l’estime. Pourtant, la direction et la vitesse du navire qui constituent les deux éléments du point estimé étaient évaluées d’une manière de plus en plus sûre. Le compas, dont les variations étaient connues, se perfectionnait. On ne croyait plus, comme Christophe Colomb, que la déclinaison pouvait servir au calcul de la longitude. La vitesse était calculée au moyen du loch : c’était une petite planchette qui, jetée à l’arrière du navire, restait pratiquement immobile dans l’eau pendant que le marin chargé de l’opération déroulait une ligne attachée à la planchette. La longueur de la ligne déroulée en un espace de temps mesuré à l’aide d’un sablier permettait de déduire la vitesse du voilier exprimée en « nœuds ». Cette vitesse n’était nullement constante, puisqu’elle variait selon la force du vent, les courants et la dérive : d’où d’énormes erreurs dans l’appréciation des distances lors des grandes traversées. Quant au sablier, la confiance toute relative qu’on pouvait avoir dans son emploi sera illustrée par une anecdote plaisante. Dans les parages du Spitzberg, le navire que commandait Duguay-Trouin fut pris dans un brouillard si épais qu’il empêchait de distinguer encore entre le jour et la nuit. Le matelot ayant reçu pour mission de retourner le sablier s’était mis en tête de raccourcir son temps de quart. Normalement, le sablier mettait une demi-heure à se vider; mais notre homme n’attendait pas que tout le sable se fût écoulé pour renverser la position de l’instrument. Résultat : au bout de quelques jours, tout le monde à bord mangeait à l’heure de dormir et dormait à l’heure de manger. Et cela dura jusqu’au moment où revint le soleil. |